Le Ministère de la Santé lance ce mois-ci une campagne de sensibilisation intitulée « Mois sans tabac, en novembre, on arrête ensemble ». Nous sommes allés interroger Christine Jeannin, hypnothérapeute installée à Châteauneuf-sur-Loire, qui accompagne les fumeurs souhaitant se débarrasser du tabac.
Christine Jeannin, tout votre parcours de vie est dans le soin, au service des autres…
J’ai été infirmière, puis chef de bloc opératoire. Voilà quelque temps j’ai décidé de m’occuper de mes patients de façon différente. Je me suis formée à l’hypnose ericksonienne, ainsi qu’à la nutrithérapie, et j’ai ouvert il y a plus d’un an mon cabinet à Châteauneuf.
Concrètement, comment cela se passe-t-il pour arrêter de fumer ?
« L’hypnose, c’est une relation pleine de vie qui a lieu dans une personne et qui est suscitée par la chaleur d’une autre personne », comme l’a très bien expliqué Milton Erickson. Dans le cas de l’arrêt du tabac, nous allons travailler ensemble sur les motivations du patient, pourquoi il souhaite arrêter de fumer. Il faut que ses raisons soient profondes et personnelles, il ne faut pas qu’il se sente contraint, son choix doit être pris en toute liberté. Toute dépendance, qu’elle soit à l’égard du tabac, de l’alcool, du sucre, c’est une aliénation. Retrouver sa liberté, et surtout sa liberté de dire non, de quitter le groupe des fumeurs, c’est dur, c’est angoissant. Et c’est là que j’interviens. Par l’hypnose, le patient va intégrer que la véritable liberté, c’est de pouvoir choisir, et non d’être dépendant.
Vous persuadez l’esprit, mais parallèlement il faut débarrasser son corps de la dépendance.
C’est pourquoi j’accompagne la séance d’hypnose de conseils en phytothérapie et en nutrition. J’explique comment limiter la prise de poids après l’arrêt du tabac. Ces conseils permettent en complément de détoxifier le corps. C’est vrai qu’il y a dans les cigarettes une multitude de produits, et pas seulement la nicotine. Les fabricants ajoutent des produits chimiques toxiques, et notamment l’ammoniac qui favorise la fixation de la nicotine pour susciter la dépendance. On y trouve aussi de l’arsenic et des composés de cyanure… C’est en tout plus de 4500 substances différentes que l’on absorbe quand on allume une cigarette ! Il est donc vrai que, comme pour l’addiction au tabac ou au sucre, il y a une telle dépendance physique qui s’est installée au niveau des récepteurs neurochimiques du cerveau que le patient n’a plus la liberté physique de choisir. Et les substituts à la nicotine ne sont pas la solution pour moi, parce qu’ils maintiennent le corps dans la dépendance. Mes conseils d’hygiène et de diététique sont plus efficaces. Grâce à la phytothérapie, j’aide le patient à reprendre son indépendance et à nettoyer son corps. Je lui explique également ce qui va se passer après l’arrêt du tabac, pourquoi il va peut-être tousser parce que ses bronches se dégagent et travaillent mieux pour évacuer les substances toxiques.
Christine Jeannin, vous êtes une scientifique…
Oui, je suis cartésienne avant tout. Grâce aux techniques d’hypnose, je travaille sur les émotions du patient, je lui suggère une aversion pour le tabac, dont l’odeur va lui devenir intolérable. Pour cela il est placé dans un état de conscience dite « modifiée », il est conscient, mais son esprit inconscient est capté par les paroles qu’il entend. Le patient n’est pas passif, il participe à sa mise en condition, ce n’est pas de l’hypnose-spectacle : il est acteur de son changement.
Combien faut-il de séances pour arrêter de fumer ?
En général une seule séance suffit, parfois deux. La séance dure en général une heure et quart à une heure et demie, elle coûte moins cher qu’une cartouche de cigarettes… Et cela peut être remboursé par certaines mutuelles.
Quelle est votre plus grand bonheur, Christine Jeannin ?
J’ai de plus en plus de patients envoyés par leurs amis, c’est pour moi une vraie satisfaction. Mes patients m’envoient généralement des SMS pour me confirmer qu’ils ont arrêté le tabac, c’est ma plus belle récompense.