Christine Jeannin, vous souhaitez parler de l’anxiété : en effet, de nombreux patients viennent vous voir parce qu’ils en souffrent…
CJ : Oui, car l’anxiété cause non seulement des souffrances psychiques, mais aussi des souffrances physiques. L’anxiété, c’est un état général, psychologique et physiologique. Elle a des répercussions sur le corps : mal au dos, palpitations cardiaques, transpiration excessive… ; elle provoque aussi une hypersensibilité émotionnelle : on se sent en insécurité, on ressent un mal-être parfois indéfinissable, on n’arrive pas à dormir… On peut subir des pertes de concentration, de mémoire. Cela peut aller jusqu’à des troubles comportementaux, comme les crises d’angoisse ou de panique, les phobies sociales…
Concrètement, comment intervenez-vous ?
CJ : Il est capital de pouvoir mettre des mots sur ce que l’on éprouve. L’anxiété est en effet un phénomène de défense normal face à des situations qui entraînent un déséquilibre émotionnel : tout changement peut provoquer de l’anxiété : un examen, une nouvelle situation professionnelle… Là où l’anxiété va vous ronger, c’est quand elle devient chronique : la peur de perdre son emploi, la peur de la maladie, ou tout simplement l’angoisse de la journée de travail du lendemain… J’amène le patient à mettre des mots sur ce qu’il ressent. Sur une séance d’une heure, nous pouvons parler pendant 40 minutes de ses émotions ; c’est seulement après que nous passons à l’hypnose proprement dite.
Mais les douleurs peuvent aussi avoir des causes organiques…
CJ : Bien sûr ! Mais c’est parfois l’angoisse de la douleur qui fait mal. Si l’on parvient à lâcher prise par rapport à sa douleur, on a moins mal…
Il y a aussi l’anxiété due aux deuils…
CJ : Passé un certain temps, si l’on n’arrive pas à faire son deuil, c’est aussi parce qu’on ressent une douleur de fidélité : on se culpabilise de cesser de souffrir… J’aide le patient à cicatriser ses douleurs : comme sur une plaie qui s’est cicatrisée, je vais l’amener à penser qu’il peut être fidèle à l’être cher par le souvenir, mais que, de même qu’une cicatrice est indolore, il a le droit de cesser de souffrir…
Et certaines mutuelles prennent en charge les séances d’hypnothérapie…
CJ : Oui, il suffit de se renseigner auprès de sa mutuelle. La plupart du temps, une à deux séances suffisent…